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Les évadés du 15ème
28 mai 2008

BIOCARBURANTS TUEURS D'ORANGS-OUTANS

Une nature vierge, avec sa jungle inextricable et ses pistes boueuses, des infrastructures inexistantes, des logements de fortune : ça, c'était Borneo dans notre imaginaire. La réalité, c'est un pays développé (du moins dans sa partie septentrionale, qui appartient à la Malaisie), avec des routes goudronnées, des bus et des hôtels climatisés, et une forêt partiellement rasée. On exagère un peu mais à peine. Pendant 15 jours, nous avons croisé davantage de palmiers que d'orangs-outans. L'un remplace l'autre, inexorablement, l'engouement planétaire pour les biocarburants accélérant le phénomène. Il s'agit d'"oil palms", dont on extrait une huile après broyage des noyaux. Nous savions (Emmanuel du moins) avant ce voyage que les biocarburants, dans l'état actuel de la technique, étaient une vaste supercherie écologique poussée par les lobbies agricoles; nous découvrons qu'ils ont d'autres effets secondaires pernicieux. Le gouvernement malais a promis des mesures d'urgence; nous avons observé quant à nous les bulldozers en action!

Pour être certains de ne pas quitter ce pays sans avoir vu ce singe mythique, la solution la plus sage est encore de faire comme tous les touristes et de se rendre au centre de réhabilitation de Sepilok. Là-bas, une dizaine d'orangs-outans vivent en liberté dans la forêt avoisinante. Ces singes ont été recueillis lorsqu'ils étaient bébés, et le centre s'occupe de leur rendre progressivement leur autonomie. Tous les jours, à 10h pour les plus matinaux et à 15h pour les autres, (dont nous), c'est l'heure du repas pour les animaux, sous le crépitement des flashs. Tout ça n'est pas très naturel mais l'opération a au moins le mérite de nous permettre de les voir de près. Et franchement, leurs mimiques sont irrésistibles...

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Pour tenter malgré tout de les revoir dans leur environnement naturel, nous mettons le cap sur le village de Mengaris, au bord du fleuve Kinabatangan. Une Anglaise rencontrée dans la capitale nous a conseillé d'aller là-bas, où elle a travaillé pour une association pendant 9 mois. Nous évitons ainsi les excursions en groupe, et logeons chez l'habitant. Les berges du fleuve attirent une faune variée venue se désaltérer en fin de journée. Notre jeune guide Hatti (c'est sa première sortie avec des touristes mais nous ne le saurons qu'après...) a un oeil de lynx et repère calaos, aigles, macaques et nasiques. Les lecteurs de Tintin reconnaîtront ce singe au ventre de buveur de bière et au nez peu avantageux, proportionnel, paraît-il, à la maturité sexuelle... Pour ce qui est des ourangs-outans, ils sont beaucoup moins nombreux et ce n'est qu'en fin de croisière que nous entrapercevrons une femelle avec son petit.

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Les temps morts dans le petit village sont l'occasion de faire des rencontres. Incongrues parfois comme celle de cet Australien chimiste/architecte/chasseur de papillons (avec sa femme et son filet), vétéran de l'Everest dont il a fait l'ascension pour la première fois en 1969... bref un brin original mais c'est bien le charme des voyages que de rencontrer ces personnes vers lesquelles on n'irait jamais spontanément... Les villageois nous confirment dans nos premières impressions sur les Malaisiens. Plus encore que les Thaïlandais, la population a le sens de l'hospitalité et fait preuve d'une grande gentillesse. Ce qui frappe, c'est leur sourire aux lèvres omniprésent et la beauté des visages, ceux des femmes et des enfants en particulier. En Malaisie, les habitants sont musulmans à 95% mais le port du voile n'est pas obligatoire, les minorités religieuses ne subissent aucune pression et le pays est ouvert sur le reste du monde (les enfants des milieux aisés ont une éducation anglo-saxonne et parlent souvent anglais entre eux). Quelques images qui nous resteront de Mengaris et de ses habitants : une partie interminable de volley-ball en fin de journée, vers laquelle semble converger tout le village, grand moment de détente collective. Et les enfants (certaines familles en ont dix...) qui deviennent les maîtres des lieux le temps d'une averse tropicale. Pendant que les adultes courent se réfugier à l'abri, les gamins paradent sur leurs vélos en caleçon et c'est à celui qui traversera la plus grosse flaque d'eau...

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Mais Borneo est aussi un terrain de jeu pour les voyageurs en quête de sensations fortes. Le Mont Kinabalu, qui domine l'île du haut de ses 4100 mètres, offre un premier challenge, accessible même si éprouvant physiquement (la descente est un vrai calvaire pour les jambes, qui se font fort de vous le rappeler pendant les deux jours suivants). L'ascension s'étale sur deux jours avec une nuit en refuge pour s'habituer à l'altitude. Chaque jour, seules 200 personnes sont autorisées à monter; il faut un permis pour franchir le col ! Petit coup de stress : on nous annonce d'abord que tout est plein pour le mois à venir et que la météo des prochains jours est mauvaise. Mais nous arrivons finalement à trouver deux places, les éléments sont avec nous et nous ne regrettons pas nos efforts. Le spectacle du lever du soleil depuis le sommet est un enchantement. L'île se dévoile petit a petit dans toute son immensité et sa splendeur.

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Contents de notre exploit, nous descendons guillerettement au petit matin, accompagnés de nos deux camarades de randonnée, Nick le Canadien (qui a vécu deux ans en Chine et ma foi s'en sort plutôt bien) et Martin l'Anglais (buveur de bière en Thaïlande mais buveur d'eau au Mont Kinabalu). Sur la route, nous croisons à nouveau de nombreux porteurs. Tout à coup nous tombons sur l'un d'entre eux, en route pour le refuge... une machine à laver sur le dos! De quoi relativiser sérieusement notre bravoure... D'autant plus qu'à l'arrivée un panneau liste les meilleurs temps de la course annuelle vers le sommet :2h30 pour les hommes, 3h30 pour les femmes, tout ça en courant !!!

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Deuxième challenge, réservé cette fois aux plongeurs expérimentés (en d'autres termes, Laurence reste dans son lit...) : les fonds sous-marins de l'île de Sipadan, classés par le commandant Cousteau dans le top 10 des sites de plongées au monde. Il s'agit d'une petite île assez éloignée de la côte (2h en bateau), entourée de parois verticales sous-marines (des tombants) de... 600m de haut. Il suffit de s'éloigner du rivage de quelques dizaines de mètres et c'est le grand saut. Un grand saut et du grand spectacle : trois requins de récif qui viennent droit sur nous puis nous tournent autour, un banc de plusieurs centaines de barracudas dans lequel le groupe se retrouve pris, et un couple de tortues, le mâle au-dessus de la femelle, en train d'assurer le renouvellement de l'espèce. Seule ombre au tableau mais de taille : un encadrement pas très professionnel et des conditions de plongée limites (pour les connaisseurs : 3 plongées dans la journée respectivement de 45 m/47 min, 30 m/51 min et 20 m/48 min, au milieu de courants violents).

Un hôtel avec vue à 180 degrés sur la mer, juste au-dessus d'une plage déserte, ça existe encore et nous l'avons rencontré. Ici, nous sommes en pension complète car il n'y a rien à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde! Nous ne regrettons rien car la nourriture est délicieuse. Bilan de ce séjour : 4 jours passes à alterner repas, baignades, siestes et lecture. Laurence a fêté son anniversaire autour d'une table spécialement dressée pour l'occasion par nos hôtes, avec un gros gâteau au chocolat (acheté à 30km de là) et le clapotis des vagues comme fond sonore. Nul doute, Laurence se souviendra de ses 32 ans.

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Commentaires
M
Entre les coureurs qui ralient le sommet en 2h30 et le local qui se traine sa machine à laver (au fait il est sûr qu'il y a du courant à destination?), vous n'êtes pas prêts d'oublier le Mont Kinabalu!<br /> Ha oui, j'aime beaucoup vos pass autour du coup pour avoir le droit conquérir le sommet, c'est excellent!
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