QUELQUES HEURES LAOTIENNES AVEC DEN
Le Yunnan coûte que coûte. Après avoir rencontré un couple de Français de retour de Chine, nous changeons finalement notre feuille de route. C'est décidé, la curiosité l'emporte, nous irons passer quelques jours dans ce pays de plus d'un milliard d'habitants. Mais pour atteindre la Chine par la voie terrestre, il faut s'armer de patience (c'est deux jours de voyage) et commencer par traverser le Laos. Emmanuel insiste alors pour s'arrêter à Luang Nam Tha une journée et avoir un aperçu (même infime) de ce pays. La chance nous sourit : un jeune homme nous aborde devant l'office du tourisme, visiblement avide de pratiquer la langue de Shakespeare... Nous voila partis avec Den sur deux mobylettes, à la découverte des villages des alentours. En un clin d'oeil nous sortons de Luang Nam Tha, l'une des principales villes du pays pourtant. Le Laos est essentiellement rural, bien plus que la Thaïlande.
Premier arrêt dans le vilage de Den. Bizarrement, ces deux-là s'évitent. Notre "guide" nous expliquera plus tard qu'il a perdu sa mère et que la nouvelle épouse de son père les a rejetés, lui et ses soeurs. Ils sont partis habiter dans le village de leur oncle maternel, où nous nous rendons ensuite. Après tout juste 8 mois d'anglais, Den possède déjà un bon vocabulaire et il est fier de nous décrire par le menu détail la vie quotidienne du village : la culture du caoutchouc (vendu à la Chine), l'école, seul bâtiment en dur du hameau, avec ses deux classes, ou encore la forêt secrète à l'écart des habitations, où l'on enterre les morts et où les habitants n'ont pas le droit de se rendre...
L'art d'apprivoiser les enfants. Tout le long de la visite, la plupart des enfants du village nous emboîtent le pas mais se cachent dès que l'on essaie de capturer leur image. Ils sont d'une timidité maladive face à l'étranger. Même avec des bonbons nous avons du mal à les approcher. Une cinquantaine d'enfants nous entourent; il nous faudra une bonne demi-heure pour qu'ils acceptent de prendre les friandises qu'on leur offre. Une exception : Pi, chez qui la curiosité l'emporte. Le baladeur de Laurence et la musique occidentale la fascinent complètement (que ce soit Air, Christophe Wilhem ou Manu Chao qui chantent...). Petite ruse d'Emmanuel pour photographier les autres : leur montrer des photos déjà prises au dos de l'appareil et le retourner discrètement...
L'anglais, visa pour l'avenir. Den nous a consacré tout son après-midi et en quelques heures nous nous sommes attachés à lui. Sa volonté de s'en sortir grâce aux études nous a touchés. Ses proches voulaient qu'il travaille aux champs comme les autres et lui a choisi les cours d'anglais. Sa motivation est impressionnante : au restaurant où nous l'invitons le soir pour le remercier, il amené son petit carnet de notes et nous demande d'y inscrire les mots que nous lui avons appris pendant la journée !